YVAN ROBILLIARD
M i c r O r c h e s t r A
[...] Yvan ROBILLIARD, un clavier au bout du piano acoustique, un autre clavier, électrique celui-là, posé dessus et une espèce de boîte couverte de boutons (non, pas la rougeole, l’acné non plus), des potentiomètres, des variateurs de volume, des décodeurs de bonnes idées, des recodeurs de bribes, des transcodeurs parfumés…
Médéric COLLIGNON, quatre micros, un ordi, un clavier, un bugle, une paire de baguettes, sa voix, son corps et ses pieds nus.
Et de la fumée bleutée. Les Hauts des Hurlevent ? Quai des Brumes ? Ces deux gueules d’anges s’y connaissent pour créer le contexte qui va bien.
Leur entrée dans le noir et le premier morceau font revenir de vieux souvenirs : les eighties et le Roy Hart Theater, le travail de la voix, le son, rien que le son. Sur fond d’une nappe de violons, il nous fabriquent un mille-feuilles sonore et sonique.
Ils font dans l’acoustico-électrique. Un voyage au cœur de tant de références, en séquences si rapides qu’on a à peine le temps de s’installer hop hop !!! la séquence, la bribe, le riff, l’idée pas épuisée dans son développement et déjà la suivante s’invite : un tourbillon. L’un pousse l’autre, l’autre réplique, ils s’associent, se dissocient, se réconcilient.
C’est EXCEPTIONNEL. Envoûtant. Chamanique.
Enfin, enfin !!! Collignon donne libre cours à sa voix sans se préoccuper de son bugle. Sa voix illimitée, soutenue par Robilliard avec une gentillesse incomparable. Pas de frime, pas de grimaces, du son.
Comme le dit Collignon, il s’agit de sonner plus large que les enfermements usuels, de pousser les limites, les cadres, bref, de jouer encore plus libres.
La seconde pièce commence par une projection de photos, Collignon au bugle au-dessus de la table du piano.
Bugle, piano percussion, résonances. Et puis Robilliard, seul avec ses deux claviers et son meuble à boutons : l’image de Terry RILEY en concert à Paris en mai 1972 pour enregistrer Persian Surgery Dervishes [...] flotte là devant nos yeux. Magnifique.
Et la situation s’aggrave : Collignon revient dans le jeu et, vraiment, Lucette, leur vitesse est déraisonnable.
Ils vont y laisser la peau. Pourvu que personne ne brûle stop quand ils vont arriver au carrefour !!! avant de revenir à une allure bluesy, un truc qui te fait rouler les hanches et marcher peinard, voilà, pas plus vite que ça. Respire, pépère.
Il convient de remarquer qu’il se passe des choses mystérieuses ici. Entre la voix, les micros, le clavier, l’ordi et les haut-parleurs, le traitement du son nous illusionne. [...]
Fermer les yeux, laisser aller, la beauté ne s’explique pas.
Un rappel et ils nous offrent une chanson sans thème. Soli croisés, piano, bugle, voix. On y passerait la nuit.
Sortir de la yourte, regarder les étoiles, là, au bout du bras, dans la main.
Revenir demain.